Lettre à mon utérus

Mon utérus,
Toi qui as porté la vie, toi qui as porté la mort.

Je ne t’ai jamais vraiment considéré.
Faisant partie de moi comme tout le reste.
Tu n’étais ni plus ni moins que là.
Tu as été une présence presque indétectable en tout cas négligée
parce que l’un comme l’autre on ne se posait aucun soucis mutuel.

Et puis la vie t’a fait contenir la mort.
La vie nous a fait porter la mort.
C’est alors, après cela, quand j’ai considéré nous faire porter
de nouveau la vie que j’ai commencé à te considérer toi.

T’imposer ces allers-retours de taille après avoir vécu
un tel traumatisme que celui de la mort.
Je me suis demandé si tu étais prêt.
Et par voie de conséquence si j’étais prête.

Il est des évènements de la vie qui nous font nous poser mille questions.
Parfois capables de tout remettre en cause pour
un simple et léger doute.
Mais oui je voulais plus que tout que nous portions
au creux de nous et ensemble la vie.
Si un quelconque doute venait subsister et subsiste encore,
c’est cette crainte de porter une fois encore la mort.

Parce que c’est bien cela ce pour quoi je me suis questionnée
te concernant révélait finalement d’une inquiétude me concernant.
Et puis je me suis dit que…
Si j’étais prête, tu serais prêt.
Si j’étais forte, tu serais fort.
Et alors l’un avec l’autre ou moi toute seule grâce à ton aide,
je pouvais, je peux croire mener à terme cette grossesse parfois si angoissante.

Et pour ce qui est de l’angoisse justement,
je ne vais pas la laisser nous bouffer,
je ne vais pas la laisser m’envahir.
J’essaie alors au quotidien d’en tirer une force et de la contredire.

Mon utérus, toi qui as porté la vie, toi qui as porté la mort,
merci de participer à la réalisation et au maintien de cet espoir,
merci de nous offrir ce bonheur au creux de moi.

Et à vous qui me lisez, de passage ou souvent là,
merci pour votre présence…

Je vous embrasse,
Julie