J’écris cet article tout en sachant que ça n’y changera rien.
Mais vous savez, je le répète assez souvent :
« écrire me libère de mes angoisses »
Parce que ça bouillonne de tout garder en moi.
J’ai besoin d’extérioriser ce que je ressens
pour peut-être mieux le comprendre ou en tout cas
désencombrer mon esprit.
Rien n’est acquis.
Je le garde en tête mais j’ai tendance à le refouler.
Je tends à être positive et à chasser les idées noires.
La boule au ventre n’y changera rien mais le rire
rendra la vie plus légère et plus savoureuse.
Jusque là je gérais très sereinement cette « grossesse d’après ».
Cette grossesse d’après la mort…
On nous l’a dit à plusieurs reprises :
la foudre ne tombe pas deux fois au même endroit !
Et bien si, cela arrive même si on préfère ne pas y penser.
J’ai publié un article sur le site Parole de Mamans
Quelques mamans ont alors témoigné leur histoire sur Facebook.
L’une d’entre elles m’a particulièrement touchée.
Nous avons des histoires similaires.
Mais son bébé d’après est aussi mort in utero.
Une histoire d’une telle souffrance.
Elle ne laisse forcément pas indifférent.
J’aurais, je crois, aimé ne pas tomber sur son commentaire.
Ne pas le lire pour ne pas avoir cette peur.
Même si elle est présente au quotidien, elle se fait plutôt discrète.
Or là elle est ressortie puissance 1000 et j’essaie maintenant de la gérer.
Faire la part des choses, ne pas s’approprier une situation qui n’est pas sienne.
C’est un travail de longue haleine qui demande énormément de lâcher prise
Il faut trouver le juste milieu entre sérénité et objectivité.
Garder en tête que tout peut arriver et surtout qu’on n’y changera rien.
Tout cela me permet de rebondir sur une question
qui m’est souvent posée par email et qui se résume ainsi :
« comment fais-tu pour rester si positive ? »
Et bien c’est très simple.
Je pleure, je hurle, je tape les coussins.
J’ai peur, j’ai une énorme boule au ventre, je suis perdue, je suis seule.
Mon bébé est mort, mon mari travaille énormément,
je ne sais pas si j’aurais mon troisième bébé vivant dans mes bras,
et puis mon projet professionnel n’avance pas.
C’est très très très difficile et je ne le cache pas.
Mais avec mon mari on a décidé d’être plus soudés que jamais.
Ensemble on est certains que de se battre pour le bonheur est la meilleure solution.
Ce n’est pas parfait, il y a encore beaucoup d’embuches.
La vie est ainsi faite. Il faut surmonter les problèmes ou se laisser bouffer.
Parfois ça demande du temps et beaucoup d’énergie.
Parfois ça roule tout seul et on se demande pourquoi.
Il nous arrive des choses, parfois injustes, parfois superbes.
A nous ensuite d’en faire quelque chose, si possible de positif.
La semaine dernière je pleurais toutes les larmes de mon corps.
Cette semaine je souris.
La semaine prochaine ? On verra ce qu’il en est…
Oh et puis surtout, je ne suis pas un exemple, je suis moi.
Avec des hauts et des bas, du bon et du mauvais, des grosses cuisses et des petites mains.
J’aime vous aider, vous conseiller, vous aiguiller, mais votre propre chemin
sera le meilleur et le plus adapté à vous, à votre passé, à votre futur.
Par contre n’oubliez pas de sourire, je peux vous assurer que c’est d’une grande aide.
A bientôt,
Julie
5 Comments
Caroline
23 mai 2017 at 15:40Des petites mains joliment vernies…
Et une tunique toute simple qui découvre ce que vous êtes.
Bonne journée Julie et plein de bonne choses.
Xofia
23 mai 2017 at 21:53Les grosses cuisses et les petites mains, çà c’est vous qui le dites…moi tout ce que je vois de vous à travers vos mots, c’est que vous êtes « vraie », « entière » et vraiment une belle personne…
Fabienne
24 mai 2017 at 09:34Très bel article! J’admire ton courage et j’imagine que cette nouvelle grossesse ne doit pas être facile à gérer du point de vue émotionnel… Je te suis depuis l’année dernière et a été très touchée par ton drame en tant que femme et maman. Évidemment on a bien conscience que le risque zéro n’existe pas mais on préfère ne pas trop y penser ( heureusement ) mais se dire qu’il n’y a pas de raison que cela nous arrive à Nous, c’est juste inimaginable… et pourtant je pense que cette peur de perdre son bébé accompagne beaucoup de femmes pendant La grossesse, en tout cas cela m’a accompagné lors de mes 2 grossesses et actuellement enceinte de mon 3eme bébé ( Nos dates d’accouchement sont très proches) je vis encore avec cette peur, je n’ai pourtant pas vécu un drame similaire … Actuellement pas mal de témoignages sur le deuil périnatal circulent sur les réseaux sociaux et difficile de ne pas y penser . J’ai fini hier le dernier livre de Virginie Grimaldi ( magnifique) qui aborde entre autre ce drame et les conséquences sur le couple après une telle expérience. Cela m’a totalement bouleversé et j’ai même rêvé que cela nous arrivait. Je crois que la grossesse nous rend particulièrement vulnérable et empathique et il est difficile de ne pas se projeter dans des expériences vécues par d’autres personnes et de garder une certaine distance. Il faut que tu gardes espoir, en tout cas je pense bien à toi, t’encourage à distance et te soutiens ! Tout se passera bien pour Nous ( je me permets d’être un peu égoïste sur ce coup là!). Quand à tes projets professionnels, moi même en projet de reconversion, je comprends comme cela peut être rageant et frustrant quand tu as l’impression de te démener mais que rien n’avance ou se passe , surtout quand tu es particulièrement en attente de changements. Mais sois sûre qu’à un moment, il va y avoir un déclic et tu vas récolter tout ce que tu as semé! Grosses bises.
Aurélie
24 mai 2017 at 10:10C’est un très bel article que tu nos livres là Julie… J’aime lire tes articles, toujours très vrais. Je trouve que tu dégages une force et une énergie extraordinaire… Je vous souhaite le meilleur à venir et beaucoup, beaucoup de bonheur (et d’apaisement) dans les semaines qui viennent. Continue à écrire et ne lâche pas ton projet professionnel (même s’il est long d’attendre que les choses avancent). Plein de belles choses à toi et tes proches
Nicoline
28 mai 2017 at 12:40Les mots déposés ici sont toujours d’une beauté incroyable…