On en est où toi et moi ?
On s’ignore un peu, on avance l’un à côté de l’autre.
Tu te ferais presque oublier par ta discrétion parfois.
Mais tu vois, la vie, elle, elle ravive un peu les souvenirs.
Il suffit de pas grand chose, une photo d’il y a 3 ans par exemple.
Quand je ne connaissais pas encore le vide laissé par cet être cher jamais rencontré vivant.
Un ventre arrondi et un large sourire .
Ils font tout de même du bien ces souvenirs.
C’est bon d’y lire le bonheur et l’insouciance !
Après tout, qu’aurais-je fait si j’avais su ce qu’il allait arriver ?
J’aurais profité plus de cette grossesse ?
Je lui aurais parlé plus intensément de mon amour pour lui ?
Non, les « et si » ne changeront pas le passé !
Mais pour autant ils sont peut-être essentiels dans ce chemin du deuil.
Pour avancer, pour répondre à des questions qui viennent et qui repartent.
Pour tenter d’y voir plus clair dans ce qui se passe là-haut,
dans notre cerveau tourmenté, lui, si directement lié à notre coeur !
Le plus difficile à vivre actuellement c’est le manque.
Le manque d’un quotidien ensemble.
Le manque d’une longue histoire commune.
Le manque de souvenirs « vivants », yeux dans les yeux, peaux contre peaux.
Le manque d’avenir à envisager.
Ce n’est pas une plainte, juste des sentiments
et des mots posés là parce qu’ils en ont besoin !
Parce que tu en es là mon deuil depuis plusieurs mois.
Tu me laisses ce sentiment de manque qui
ne disparaîtra finalement jamais.
Notre bout de chemin ensemble n’est forcément pas tout rose.
Mais pour autant jamais j’aurais cru pouvoir survivre à cette douleur.
Tu es comme ça le deuil, tu t’installes dans nos chairs
et à nous de nous accorder à toi ou de t’ignorer.
Alors je pleure, je ris, je n’ai pas peur de toi, je vis avec toi.
On s’apprivoise en quelques sortes.
Ce qui n’empêche pas la souffrance, même si elle ne se dit pas
et même si elle ne se voit pas.
Je ne sais pas quel chemin nous emprunterons par la suite toi et moi.
Mais tu fais indéniablement partie de mon être et je ne peux t’ignorer.
La souffrance ne se crie pas, et après plusieurs années elle est difficile à dire aux autres.
Elle évolue, tout comme le manque.
On en est là mon deuil.
Toi et moi on continue le chemin ensemble.
Parfois dans les rires, parfois dans les larmes…
à mon Edgar.
10 Comments
Sseevv
6 mars 2019 at 18:52C’est précisément ça, on vit AVEC (son deuil)… on est changé à tout jamais, même si peu de gens le voient, mais entre les larmes et le manque, on parvient à sourire de nouveau, à rire plus souvent, malgré la culpabilité du premier éclat de rire de « l’après », à s’émerveiller malgré tout, bref à vivre…
Merci pour tes mots apaisants et justes, je te lis souvent silencieusement, ici et sur IG, mais toujours avec beaucoup d’intérêt!
Lucile
6 mars 2019 at 19:59Ta « lettre » vient se poser là la veille des un an pour nous, un an que mon petit bonhomme a quitté mon ventre mes mes bras… et tout revient, violemment. Mais je sais comme toi que le deuil se fait plus discret avec le temps. C’est déjà le cas.
En tous cas merci Julie. Je t’embrasse
Delphine
6 mars 2019 at 20:00Tendres pensées pour toi et Edgar
Tu écris si bien ce que beaucoup de parents endeuillés ressentent
Vivre en compagnie du deuil et apprendre à faire avec
Merci
Julia
6 mars 2019 at 20:45Je me souviens le moment où quelques temps après avoir perdu la fille j’ai tout d un coup pris conscience que cette douleur aller m accompagner le restant de mes jours.. c’était comme un gouffre qui s ouvrait encore plus sous mes pieds.. et puis comme tu dis on chemine avec notre deuil . Un peu plus d un an maintenant pour moi, ça va globalement mieux mais c’est toujours très a vif quand même . Je me suis faite à l idée de vivre avec ce deuil toute ma vie et pour moi c’est déjà beaucoup, il est la, il ne me submerge plus mais il est bien présent
steph gires
7 mars 2019 at 14:45merci pour ces mots si justes. Le plus je trouve c’est l’habitude de cette douleur. On s’y habitue, c’est devenu notre quotidien de vivre avec cette blessure invisible mais indélébile. 8 ans après j’ai moi aussi des phases plus difficiles mais je m’accroche à la promesse que nous avions faite à Louise, continuer à vivre , à rire , à être heureux.
Mgette
7 mars 2019 at 23:09Ce texte est magnifique. Il m’a donné la chair de poule. C’est très émouvant de vous lire.
Belle soirée
Isabelle
17 mars 2019 at 12:05Merci de mettre des mots si vrais et si réconfortants sur le deuil d’un bébé . Moi même j’ai perdu ma si toute petite Margaux il y a tout juste 1 an et 5 mois … j’apprivoise petit à petit ce deuil qui n’est pas facile tous les jours mais j’ai eu la chance de mettre au monde sa petite soeur Capucine en décembre qui nous comble de bonheur et qui me permet de vivre plus sereinement la perte de sa grande soeur… Merci pour tes textes , vous êtes une belle famille !
Nathalie Chazeaud
8 avril 2019 at 16:44Bonjour, moi je vis cela en ce moment même et je suis désemparée triste j ai l impression qu on m enlevé mes tripes… Je vais bientôt subir un img et j ai très peur de la suite. Ce bébé je l ai attendu longtemps alors quelle joie lorsque j ai appris que j étais enceinte… J ai aimé cet enfant tout de suite je l aime de tout mon cœur et je n ai pas envie de le quitter. J ai beaucoup de mal à accepter ce qui arrive… La douleur est si intense que je n ai plus goût à rien…
Angelique
18 avril 2019 at 23:16Bonsoir
J’ai moi même perdu un petit Gabriel le 29 octobre 2016 à 4 mois et demi de grossesse. Tout ce vous pouvez décrire dans vos textes est tellement vrai. Comme je vous comprends…
Gautier
24 février 2021 at 19:52bonsoir, merci pour ces mots, ces lignes, les années passent et sont différentes mais aussi semblable , je vous comprends, je vous entends, ce manque viscéral est là ! Discret en extérieur mais tellement présent à l’intérieur.
Mes anges auraient 16 ans cette année et pas un jour où je ne pense pas à elles, mes amours, nos amours, leurs grandes sœurs jamais connues,
chaleureusement, et affectueusement,
Peggy