Encore un mois, un mois de plus,
le temps file comme à son habitude.
Hier, il y a deux mois mon bébé s’arrêtait de vivre.
Aujourd’hui, il y a deux mois mon bébé naissait.
C’est la date de sa naissance qui me marque le plus.
Ce jour où la douleur physique s’est ajoutée à la douleur morale.
Ce jour où je l’ai senti naître et où je remercie l’anesthésiste
de n’avoir pas trop dosé la péridurale,
de m’avoir permis ces quelques sensations
et notamment celle d’être mère de mon Edgar.
C’est la date de nombreux souvenirs.
Ce jour où j’ai eu la chance de le tenir tout contre moi.
Ce jour où très naïvement j’ai espéré que ma chaleur,
que mon amour le réveillerait mais en vain.
Ce jour où j’ai été impressionnée par sa taille,
mon grand bébé qui rentrait si bien dans son beau pyjama en 1 mois.
Et aujourd’hui ? Deux mois après qu’en est-il ?
La douleur est forcément toujours là et puis les nourrissons pullulent de partout.
Je parle de lui avec Lina et elle s’énerve de moins en moins.
Je vais parfois au cimetière, je l’engueule de m’avoir abandonnée
et je lui dis aussi tout mon amour, tout ce manque de lui.
Je prends des tas de rendez-vous pour aller mieux dans mon corps et dans ma tête.
Je trouve des médecins qui peut-être pourront nous donner une réponse
ou qui en tout cas chercheront à éviter que ceci ne se reproduise.
On vit bien, parfois très heureux, parfois très malheureux.
On avance, on se projette, on pense à lui.
Dans la rue j’aimerais parfois le crier pour être réconfortée.
« MON BÉBÉ EST MORT »
J’aimerais le dire à celle enceinte de 5 mois qui dit à son garçon
à la sortie de l’école « putain ferme ta gueule et avance ».
J’aimerais le dire à ma voisine qui laisse son nourrisson pleurer
alors que moi j’ai tant de câlins à donner.
J’aimerais le dire à cette autre gonzesse enceinte qui fume à tout va
alors que moi je n’ai jamais touché une cigarette de ma vie.
Mais c’est ainsi, la vie est ainsi, la mort en fait partie.
On ressort plus fort de ce drame.
On tourne moins en rond, on est plus direct.
Si vous vivez ceci, ne baissez pas les bras, c’est difficile je sais
mais tenez bon, foncez vers le bonheur, croyez-y !
Je vous embrasse,
Julie
31 Comments
Linda
13 septembre 2016 at 08:16J ai ressenti la même chose quand pendant nos 4 ans et demi de combat pour pouvoir à nouveau avoir la joie d être enceinte. ..cela.n est pas du tout comparable c est sur
.. mais le fait que les gens soient toujours entrain de râler sur des choses banal de la vie me rend dingue… et alors je t épargne les ..
je te comprend … ou les ah si c est un garçons tu recommences…. que les gens peuvent être bête est méchant. .. en tout cas moi je t admire beaucoup Julie. .. pleins de bisous et de courage
Une Working Mum
13 septembre 2016 at 08:21A chaque fois que je te lis, que tu poses des mots sur tes maux, je repense au bébé que nous avons perdu à 3 mois de grossesse, certes c’est bien différent de votre histoire, mais les douleurs sont similaires (même si sûrement moins douloureuses)… Je vous souhaite, à toi, ton mari et ta Lina de retrouver la paix et la sérénité. Votre petit ange veille sur vous. Bon courage.
helene
13 septembre 2016 at 08:25Bonjour,
Je sais que tu n’aimes pas qu’on dise que tu es forte, car c’est vrai tu n’as pas d’autre choix que d’avancer … mais quand même, je suis admirative de tout tes mots et de la façon dont tu mènes ton combat. Une grande Dame
Doux bisous
Hélène
julie
13 septembre 2016 at 08:56Ces mots sont si forts…tu es courageuse…
Plein de tendresse pour toi et ta famille.
lespetitesm
13 septembre 2016 at 08:56Je suis tellement d’accord avec ce que tu dis!
Les épreuves nous rendent forts et permettent d’être plus directs! et aussi conscients de la chance qu’on a ou que les autres ont sans s’en rendre compte…
Depuis mes problèmes de santé de 2013 où j’ai failli y passer, chaque mois je me dis, un mois de plus de gagné à vivre auprès de mes filles… (ça fait 3 ans et c’est encore douloureux, je m’arrête là j’ai les larmes aux yeux)
Des bises! et toute mon énergie positive!
Chamallow Addict
13 septembre 2016 at 09:01Je sais pas quoi dire tellement c’est un choc de devoir apprendre à vivre avec ce qui arrive ou plutôt sans… Je n’ai vécu cela, la perte d’un être cher et encore plus un bébé sans raison il y a de quoi devenir complètement perdue… Surtout à gérer cela avec sa sœur… Une grosse pensée pour vous !
natacha
13 septembre 2016 at 09:39Je crois que c’est une étape hélas obligatoire … On relativise beaucoup beaucoup de choses après ça . Pour moi cela a duré une année à avoir mal à chaque annonce de grossesse et surtout si c’était un garçon . Maintenant, je le vis bien cela ne me gène plus. La difficulté qui viendra avec le temps c’est le comparatif avec des ptits gars qui aurai l’âge de ton ange peut être , moi c’est ce qui m’arrive vis à vis de Milan . Tu avances sur le chemin du deuil, il est sans fin mais en avancant la souffrance se mû en douleur plus sourde même si je pense qu’elle ne partira jamais . Je t’embrasse très fort !!!! Bisous à Lina et papa <3 . Edgar à son bisou chaque soir lorsque je parle à Milan 😉
PetitsPoulots
13 septembre 2016 at 10:12Votre message me donne les larmes aux yeux. Notre histoire n’est pas du tout comparable. Avec mon mari nous tentons en vain de faire un bébé depuis presque 3ans…..mais j’ai le même ressenti que vous au quotidien quand je vois les gens râler sur leur vie et leurs enfants. J’essaie de fermer mes oreilles lorsque j’entends des phrases comme « si j’avais su…. » Ou « ahhhhh faites des gosses »!
Je pense fort a vous et votre courage…..le bonheur reviendra.
Douces pensées à Edgar il vous accompagne à chaque instant.
Florence
13 septembre 2016 at 10:14Merci pour ce témoignage courageux. Il en ressort que le grand vainqueur de cette épreuve est l’amour, qui ne vous a pas quitté. Lorsque ce sentiment reste présent malgré les épreuves les plus douloureuses, c’est le signe d’une grande maturité. Je vous embrasse.
Mandy
13 septembre 2016 at 10:36Je pense souvent à toi…aux dernières photos sur Instagram j’attendais de voir cette petite bouille…on oublie que cela arrive encore…
Tu es plus forte et n’oublie pas qu’un jour il y aura une autre petite bulle dans ta vie…qui arrivera saine et sauf j en suis certaine. Plein de love.
Bisettes
Tiphaine
13 septembre 2016 at 10:45Plus je te lis et plus je me retrouve dans ton histoire… Marius a rejoint les étoiles quelques jours avant l’accouchement, il y a deux ans maintenant…et la douleur est toujours aussi forte. Il me reste un petit bout de lui au travers de sa jumelle Jeanne qui est en pleine santé et me donne la force d’avancer ! Comme je comprends tes maux/mots ! Je vis depuis deux ans entre l’incompréhension, l’injustice, la douleur et beaucoup de colère mais heureusement avec l’amour de ma petite fille et la délicatesse des deux grands! La route est longue et tu as raison de te faire aider par tout ce tu penses être bon pour toi, pour vous! Ce n’est jamais trop ! Je pense à vous chaque jour et par la pensée je vous envoie tout le courage dont vous avez besoin ! Tiphaine
une parisienne à Paris
13 septembre 2016 at 10:53tes mots <3
Emma
13 septembre 2016 at 10:58à nouveau l’envie de vous serrer dans mes bras, vous que je ne connais pas mais qui dégagez une telle force !
je vous embrasse et vous souhaite effectivement de parcourir ce chemin du bonheur, et qu’il soit le plus long possible
Amandine minigraou
13 septembre 2016 at 11:00Des mots si justes et tellement bien choisis.. Ça prend aux tripes!
Bisous
Virginie
13 septembre 2016 at 11:04Je ne sais que dire… juste ❤ ❤ ❤
Gwenaëlle
13 septembre 2016 at 11:07Ton article est tellement vrai, mais sache que la roue tourne toujours même si pour nous cela peut paraitre une éternité.
Julie
13 septembre 2016 at 11:47J’en ai voulu aux femmes enceintes aussi, travaillant en crèche j’ai rencontré des familles qui pour moi ne méritaient pas d’être parents (à mes yeux), j’avais tellement d’amour à donner et de chagrin d’avoir perdu mon fils… Aujourd’hui, un pti homme est venu me réconcilier avec l’injustice.
Je vous souhaite le même bonheur un jour.
Eulalie
13 septembre 2016 at 12:48Très joli texte…
C’est un drame qu’aucun parent ne devrait être amené à connaître, un drame qui fait trouver la vie si injuste…
Plein de bonnes ondes et de soutien dans cette épreuve…
Romane Heinderyckx
13 septembre 2016 at 13:56Une épreuve que personne ne devrait enduré. Courage à toi !
My sweet cactus
13 septembre 2016 at 15:27Ton texte m’a donné des frissons et les larmes aux yeux… je suis de tout coeur avec toi et j’espère que tu pourras te reconstruire petit à petit… pleins de bonnes choses à vous!
Léa-Marie de http://www.mysweetcactus.com
Maman Poule et Cie
13 septembre 2016 at 15:41J’ai lu il y a quelques mois, alors que je traversais moi-même un deuil douloureux, cette phrase qui m’a servie (et me sert toujours) de mantra :
« Affronter le pire, ce n’est pas renoncer à espérer le meilleur ».
Continue à espérer le meilleur !
Elisa
13 septembre 2016 at 18:11Bonjour, je vous suis depuis quelque temps sur Instagram et j’aimerai vous envoyer tout mon soutient ainsi que tout le réconfort nécessaire pour que vous puissiez aller mieux petit à petit. Vous êtes une femme courageuse et une très belle personne.
Bien à vous,
Elisa
Kalyedin
13 septembre 2016 at 19:37Je me retrouve tellement dans votre post. Surtout sur cette envie de crier dans la rue. Quand je marche dans la rue avec mes 3 loulous j’ai si souvent envie de crier. JE SUIS MAMAN DE 4 ENFANTS MAIS LA DERNIÈRE EST MORTE. C’est pas pour me plaindre c’est simplement que j’ai envie de crier que ma fille me manque terriblement et que j’ai une peur immense qu’on l’oublie…
Valahk
13 septembre 2016 at 20:31Douces pensées à votre jolie famille. C’est toujours bouleversant de vous lire.
AnneLG
13 septembre 2016 at 20:47Vos mots sont très beaux et authentiques. Merci pour ce partage. Pour vous, pour les autres mamans, pour ceux qui vous entourent,, pour Edgar, pour son histoire dans votre famille. Vous êtes une belle personne que la vie n’a pas épargnée mais qui la croque quand même. Mon cœur de maman et de sage-femme vous exprime toute sa compassion et son admiration (même si j’imagine que vous n’aimez sans doute pas qu’on vous le dise…). Je n’oublie pas le papa d’Edgar non plus.
Je ne suis pas une poule
13 septembre 2016 at 21:44Je n’ai pas les mots. Aucun ne semble suffisant face à la douleur. Tu as vécu le pire cauchemars qui puisse arriver à une mère. Je pense à toi dans cette épreuve.
Gaelle
14 septembre 2016 at 08:52J’ai envie de vous dire tant de choses depuis ce grand malheur qui vous a frappé mais sans jamais vraiment oser.
Je travaille comme aide-soignante à la maternité et j’en vois plus souvent qu’on ne le pense des anges s’envoler et la peine des parents reste ce qui est le plus difficile à gérer quoi dire quoi faire comment les réconforter même un temps soit peu .
Mais après une fois de retour à la maison nous ne savons pas le deuil les émotions les ressentis même si on s’en doute.
J’imagine sans peine votre chagrin ce sentiment d’injustice ce regard sur les autres ventres ronds ou poussettes ou parents malveillants .
Cette injustice …
Je voulais vous dire que je vous trouve extraordinaire dans votre rage à vouloir aller de l’avant et d’essayer de vaincre vos idées noires par des idées roses .
Mais d’accepter vos moments où ça ne va pas non plus c’est important je crois que vous ne devriez pas culpabiliser quand vous criez ou pleurez c’est tellement normal .
Vous pourriez même vous accorder ce moment tous les 3 , ensemble ou séparément, un moment pour crier à pleine voix !
C’est salvateur je vous l’assure !
Je l’ai fait quand j’ai perdu ma maman et ça libère. Ça ne guérit pas mais ça fait un bien fou .
Je voulais finir par vous dire qu’on voit les couples revenir et mettre au monde un bébé plein de santé , une grossesse précieuse comme on les appelle et qu’à ce moment là rien n’est oublié mais c’est une renaissance pour tout le monde .
Je vous embrasse fort .
Aurélie
14 septembre 2016 at 09:10Bonjour Julie, J’ose un mot parmi les autres… ton texte est magnifiques, tes mots si touchants. j’en ai eu la chair de poule et les larmes aux yeux tant tes mots sont justes et poignants. Je te souhaite à toi, à Lina et à ton amoureux tout le bonheur du monde.. même si parfois le monde ne tourne pas rond! de douces pensées
Clémence
14 septembre 2016 at 20:51Chère Julie, chaque soir où tu publies tes bye bye morosité, je pense à ma journée, à ce que je peux retenir de beau de celle-ci, et chaque jour j’aimerai te répondre, partager un petit morceau de ma vie. Oui mais voilà, ceux ci sont bien trop souvent liés à mon petit Marceau, qui a eu 3 mois il y a quelques jours. Et je ne me sens pas le droit de l’écrire.
Je suis si touchée par ton histoire, par tes mots, par la force de ton écriture, par la beauté de ton sourire sur ces photos que tu partages. Même si je n’écrirai pas mes petits bonheurs à la suite des tiens, je savoure ceux que tu nous donne à lire.
J’ai une pensée chaque jour pour ce que vous traversez en famille et la dignité, la colère si légitime et la douleur avec laquelle tu nous en parle.
Alors merci… Je te souhaite, vous souhaite de magnifiques vacances en famille. Douce soirée.
lolabelle
15 septembre 2016 at 11:58ton texte me tire encore des frissons, comme chaque fois! Je ne pense pas que j’arriverais à écrire des mots aussi justes que ceux de Gaëlle qui voit ces drames dans son travail mais laisser un petit mot de plus, réconfortant, amical et plein d’admiration pour le bel exemple de vie que tu nous donne me paraît important!
Je vous souhaite de trouver des réponses pour avancer sereinement tous les 3. Et une douce pensée pour ton petit Edgar! J’avais lu quelque part (si je me souviens bien) que ce prénom signifiait « richesse »! Oui, je crois que c’est bien ça, Edgar a enrichi vos vies d’une manière incroyable puisqu’il vous a conduit à apprendre comment transformer le malheur en quelque chose de positif…merci à ce petit ange pour cette belle leçon de vie!
Céline
27 septembre 2016 at 08:52Je ressentais beaucoup cela aussi… « l’injustice ». Pourquoi elles elles ont leurs bébés et pas moi? Je notais tous les fais divers et l’injustice grandissait…
Je ne le dirais jamais assez mais ton meilleur allié est le temps…
Comme le disait notre grand Léo Ferré « avec le temps va, tout s’en va »… Cette chanson fait du bien ou souvent aussi un gros cafard… Mais les paroles sont si justes et trouvent écho lorsque l’on vit un deuil…
Plein de tendres baisers