Bientôt 2 ans qu’Edgar est mort-né et en ce jour de la Fête des Pères,
je voulais que Mathieu puisse témoigner du chemin parcouru,
de ce qu’il ressent aujourd’hui,
des difficultés et des moments plus doux qui ont marqué ce deuil.
Quelques mots pour nous, parce que son ressenti compte tout autant que le mien.
Mais aussi pour les autres papas qui ne savent peut-être pas quelle place prendre
par rapport au deuil périnatal…ou qui sont perdus avec leurs sentiments.
Au début tout était flou.
L’accouchement était la confirmation de la tristesse
mais j’étais heureux de le tenir dans mes bras.
Il fallait appeler un par un les gens, leur expliquer,
avoir le poids de leurs larmes a été le plus difficile
mais ça m’a aidé à savoir que je voulais faire de tout ça autre chose que des pleurs.
Alors on a décidé ensemble, on lui a promis,
qu’on ne s’interdirait rien
ni de pleurer ni d’être heureux.
Je l’ai fait pour notre fille d’abord, et pour toi.
L’envie de le faire pour moi aussi est venue bien plus tard,
mais ça me suffisait de le faire pour vous, vous étiez ma motivation.
Ce qui m’a aidé c’était de savoir que c’était arrivé à d’autres personnes,
c’est peut-être égoïste, mais on n’était plus seuls.
Et j’ai découvert que c’était arrivé à un collègue, je n’aurais jamais imaginé,
je l’ai toujours vu souriant, il était la preuve que l’on pouvait vaincre la tristesse !
Pour y arriver j’ai dû accepter une chose,
qu’il n’y a pas toujours une raison.
Il n’y a pas de vie sans mort,
on ne cherche pas de raison à la vie pourquoi en chercher à la mort.
Et deux ans plus tard, je sais que j’ai beaucoup changé grâce à cette idée.
Ne pas avoir d’explication m’a poussé à vouloir donner du sens.
Au cimetière je n’étais pas triste,
je lui avais déjà dit au revoir.
Et je ne ressens pas le besoin d’y retourner,
parce que ce n’est pas mon fils qui est la bas, il est en nous.
Il continue de vivre par nos actions, nos sourires.
Ce E tatoué au creux de ma main me le rappelle chaque jour,
il faut apprécier chaque instant de bonheur.
Alors je suis plus facilement colérique je sais,
la tristesse est toujours là,
mais il n’y a pas une semaine sans que je me dise que
grâce à Edgar ma vie est plus douce.
…merci mon amour…
19 Comments
Magali
18 juin 2018 at 06:51Quel joli message à votre fils Edgar…
Linda
18 juin 2018 at 08:41Magnifique
De tres belle paroles
Douce pensée a Esgard ainsi qu a vous 4
Bises Linda
annouchka
18 juin 2018 at 09:14« on ne cherche pas de raison à la vie pourquoi en chercher à la mort. »
C’est bouleversant et tellement juste. Que de chemin parcouru depuis et quelle sagesse vous avez acquis en deux ans. De douces pensées pour Edgar qui doit se sentir très aimé de là où il est.
Bébé est Arrivé !
18 juin 2018 at 09:32Oh quel témoignage bouleversant. J’en ai les larmes aux yeux. Rares sont les papas s’exprimant ainsi et je trouve cette parole salvatrice.
Toutes mes pensées à vous deux.
Cécilia
Audrey
18 juin 2018 at 10:30Quel magnifique message !
Beaucoup de tendresse, d’amour et de force dans les mots du papa …
Plein de pensées pour votre si jolie famille
EMMANUELLE
18 juin 2018 at 10:57On oublie en effet beaucoup les papas dans cette histoire. Même si chez nous c’est moi le roc qui ait porté tout le monde je sais qu’il a souffert du manque de reconnaissance administratif par exemple. Son nom n’apparaît nul part et je trouve ça d’une injustice sans nom. Ce bébé je ne l’ai pas fait seule et ne l’ai pas accouché seule non plus. Il est et sera NOTRE fils à jamais. Bravo à ton homme d’avoir eu le courage d’écrire ces mots très touchants. Je pense qu’il aidera beaucoup de papas qui se retrouve vite perdus à cette annonce et trouvent je pense beaucoup moins de réponses que nous. Le mien aurait été heureux de les lire j’en suis sûre.
elisa
18 juin 2018 at 11:10quel beau témoignage j’en ai les larmes aux yeux 🙁
Anne-Claire
18 juin 2018 at 11:58C’est très émouvant, merci pour ce partage.
doripette
18 juin 2018 at 12:03j’avais été particulierement par ton histoire
je trouve ça beau d’avoir le témoignage d’un papa
jolie bonheur a vous pour la suite <3
charlotte
18 juin 2018 at 12:33magnifique témoignage
WorkingMutti
18 juin 2018 at 13:32Très joli message. Ne rien s’interdire, quelle belle idée pour lui rendre hommage.
Lucile
18 juin 2018 at 19:56Oh que ça fait du bien de lire les mots d’un papa. C’est tellement rare. Le mien ne parle pas, mais je le sais très touché. Merci à ton mari dàvoir bien voulu partager son ressenti.
Je vous embrasse et une pensée particulière pour votre doux Edgar
Lyly cora
18 juin 2018 at 21:44Juste superbe… jolie texte si emouvant … pleins d amours pour vous.
Ma rue bric à brac
19 juin 2018 at 12:43Très beau…
DeboBrico
19 juin 2018 at 12:47Je suis très émue de lire ces lignes.
On ne cherche pas de raison à la vie, pourquoi en chercher à la mort.
bravo pour cette force et ce courage
Delmas
20 juin 2018 at 16:53Ce texte est exactement notre ressenti à mon conjoint et moi nous avons perdu notre fille à 37 semaine in utero il y’a 3 ans maintenant. Votre témoignage est juste superbe parce que pour nous impossible de dire des mots sur nôtres deuils. MERCI ….
Damien
20 juin 2018 at 20:36Je suis papa aussi, d’une première fille de bientot 7ans, d’une seconde fille née sans vie en 2013, d’une troisième fille née sans vie en 2014, et d’un fils de 2ans1/2.
Le parcours du papa est difficile, pas davantage que celui de la maman, mais pas moins non plus.
Pour mes enfants nées sans vie, je me suis mis à la course à pied (j’étais le parfait non-sportif…), d’abord égoïstement centré sur mon propre deuil, puis petit à petit dans une volonté de partage, de soutien aux parents confrontés au deuil périnatal, d’hommage à leurs enfants. Je cours pour l’association Voiles des Anges, 10km, semi-marathons, trails, et déjà 3 marathons… c’est un peu des kilomètres que nos enfants ne pourront jamais courir…
MamanBackstage
21 juin 2018 at 10:22Une grosse pensée pour vous et pour Edgar… Il est important d’exprimer ses ressentis dans ces situations douloureuses. Chez nous aussi, la fête des pères (comme la fête des mères, et plus généralement comme toutes les dates anniversaires) accentuent le manque permanent de notre petite Luciole, disparue il y a 17 mois. Le parcours de chaque parange est compliqué, et long, mais il est essentiel d’accepter ses émotions. Et comme vous le dites si bien, il y a quelque chose d’important à savoir que nous ne sommes pas seuls à faire face au deuil périnatal. Le partage et les échanges aident quand, parfois, la tristesse déborde.
Flo
6 mars 2019 at 23:23Je crois qu’en lisant ton témoignage je viens de comprendre quelquechose de très important , pourquoi chercher une raison à la mort, on n’en cherche pas à la vie et c’est très juste. Alors que bizarrement, de mon côté j’ai su ce qui a causé la mort de nos jumeaux, et je m’y suis accrochée tout ce temps, pour ne pas culpabiliser, pour avoir une raison, une explication plutôt, mais cela ne change rien à leur absence finalement. Il faut l’accepter. La difficulté de ce deuil est vraiment liée au tabou de la mort d’un bébé, au malaise que cela provoque quand on en parle, ce qui se concrétise par un isolement, une incompréhension, et une rage intérieure de ne pas pouvoir en parler. Heureusement nous en parlons librement en couple et avec nos enfants, c’est essentiel pour avancer et pour qu’ils fassent entièrement partie de notre famille .